jeudi 31 décembre 2009

NEIGES

"Et puis vinrent les neiges, les premières neiges de l'absence, sur les grands lés tissés du songe et du réel..."
Saint-John Perse, NEIGES




non, cette photo ne représente pas une station de ski, mais le petit village de Toscane où j'ai ma maison; notre arrivée a été saluée par une tempête de neige et nous sommes restés 3 jours entiers prisonniers de la neige, sans pouvoir aller nulle part, sans ravitaillement, nos voitures échouées au bord d'un ravin, parce qu'elles n'avaient pas pu gravir les derniers km, trop pentus, trop sinueux et couverts de neige poudreuse qui commençait à verglasser.
Pour nous, modernes (enfin pour vous car en ce qui me concerne j'ai horreur de la neige sous toutes ses formes), la neige est un éblouissement, un enchantement; nous en avons fait un sport et une activité de loisir, et si jamais elle vient à manquer au coeur de l'hiver, on a inventé des canons pour la faire tomber artificiellement!
Il en allait tout autrement dans l'Antiquité; certes, l'Italie et surtout la Grèce possèdent des sommets enneigés; mais il va sans dire qu'on les évitait soigneusement, et d'ailleurs, il ne serait venu à personne de tenter l'escalade du Mont Parnasse!
Pourtant, il est arrivé à des populations de se trouver prises dans la neige, surtout d'ailleurs à l'occasion de campagnes militaires; les Grecs ainsi piégés par le froid nous ont laissé un souvenir épouvanté de cette expérience!
Car pour les Anciens, la neige était une calamité et une catastrophe naturelle, à laquelle ils n'étaient nullement préparés.

Il est arrivé à deux armées grecques en particulier de se trouver prises dans la neige, et de vivre une expérience terrifiante: l'armée des mercenaires grecs de Darius II en guerre contre son propre fils Artaxerxès d'abord; Darius avait employé des soldats grecs qui s'étaient enrôlés dans cette campagne qui les mena de Perse en Arménie, où les surprit le terrible hiver 401 (avant JC bien entendu)
Voici le récit de leur calvaire, par Xénophon (Anabase):
"On rassembla donc l'armée encore une fois, et l'on résolut de la tenir au bivouac. Pendant la nuit qu'elle y passa, il tomba une quantité excessive de neige ; elle couvrit les armes et les hommes qui étaient couchés, et raidit même les jambes des chevaux de bât : hommes, bêtes, tout était engourdi : rien ne se relevait ; c'était un spectacle digne de compassion de voir tout couché et tout couvert de neige. Xénophon eut le premier le courage de se lever nu et de fendre du bois ; un autre Grec bientôt l'imita, lui prit des bûches et se mit à en fendre aussi. Alors tous les soldats se relevèrent, firent du feu, et commencèrent à se frotter de matières grasses qu'ils trouvèrent en abondance dans ce pays et qui leur tinrent lieu d'huile d'olive, comme de saindoux d'huiles tirées du sésame, d'amandes amères et des fruits du térébinthe. Or y trouva aussi des essences faites des mêmes substances. On résolut ensuite de renvoyer l'armée dans ses cantonnements pour qu'elle fût à couvert. Les soldats coururent avec transport, et en jetant de grands cris de joie, retrouver un abri et des vivres. Tous ceux qui, en quittant leurs habitations, les avaient brûlées, en reçurent la peine, car ils furent mal logés et presque au bivouac. (...)
La troisième journée fut dure pour le soldat : un vent du nord impétueux qui lui soufflait au visage le brûlait et le glaçait jusqu'aux os. Un des devins fut d'avis de sacrifier au vent ; on lui immola des victimes, et la violence avec laquelle il soufflait parut évidemment cesser aussitôt. L'épaisseur de la neige était d'une orgye : beaucoup de bêtes de somme, d'esclaves, et environ trente soldats y périrent. On passa la nuit autour de grands feux car il y avait beaucoup de bois sur le lieu où on s'arrêta, mais les derniers arrivés n'en trouvèrent plus. Les premiers qui avaient allumé les feux ne permettaient à ceux-ci de s'en approcher qu'après s'être fait donner par eux du froment ou quelque autre chose à manger. On se fit part les uns aux autres des provisions qu'on avait ; où l'on allumait du feu, la neige se fondait, et il se faisait de grands trous jusqu'à la terre : c'était là qu'on pouvait mesurer la hauteur de la neige. On marcha tout le jour suivant dans la neige, et beaucoup de Grecs étaient malades de besoin. Xénophon, qui était à l'arrière-garde, en ayant trouvé plusieurs qui ne pouvaient se soutenir, ne concevait pas quel était leur mal. Un homme qui en avait l'expérience lui apprit que cet accident était certainement causé par la faim, et que s'ils avaient à manger, ils seraient bientôt debout.(...)
le reste des soldats passa la nuit sans feu et sans nourriture ; et il y en eut qui périrent. Quelques ennemis s'étaient réunis et poursuivaient les Grecs : ces Barbares prenaient les équipages qui restaient forcément arriérés, puis se battaient les uns contre les autres pour le partage du butin. On laissa en arrière aussi des soldats que la neige avait aveuglés ou à qui le froid excessif avait fait geler des doigts des pieds. Le moyen de préserver ses yeux de l'éclat de la neige était de mettre devant quelque chose de noir quand on marchait, et l'on empêchait ses pieds de geler en les remuant, ne prenant pas de repos et se déchaussant avant de se coucher. Lorsqu'on s'endormait chaussé, les courroies entraient dans le pied, et la chaussure se durcissait et s'y attachait en gelant ; car les vieux souliers des Grecs s'étaient usés, et ils s'étaient fait faire des espèces de sandales avec du cuir de bœufs récemment écorchés. Toutes ces raisons furent cause qu'il y eut quelques traîneurs. Ils aperçurent un lieu qui paraissait noir, parce qu'il n'y avait plus de neige, et ils jugèrent qu'elle s'y était fondue : ils ne se trompaient pas. C'était l'effet d'une source voisine au-dessus de laquelle une sorte de brouillard s'élevait dans le vallon ; ils se détournèrent du chemin pour gagner cette place, s'y assirent et déclarèrent qu'ils ne marcheraient plus. Xénophon, dès qu'il en fut instruit à l'arrière-garde qu'il commandait, y alla, les supplia, les conjura de toutes manières de ne pas rester en arrière, leur disant qu'un gros corps d'ennemis suivait les Grecs. Il finit par se fâcher aussi inutilement ; les traîneurs lui répondirent qu'il n'avait qu'à les égorger s'il voulait, mais qu'ils ne pouvaient faire un pas. On jugea que le meilleur parti à prendre était d'inspirer, s'il était possible, une telle terreur aux ennemis, qu'ils ne revinssent pas attaquer ces infortunés."
στρατοπεδευομένων δ᾽ αὐτῶν γίγνεται τῆς νυκτὸς χιὼν πολλή· καὶ ἕωθεν ἔδοξε διασκηνῆσαι τὰς τάξεις καὶ τοὺς στρατηγοὺς κατὰ τὰς κώμας· οὐ γὰρ ἑώρων πολέμιον οὐδένα καὶ ἀσφαλὲς ἐδόκει εἶναι διὰ τὸ πλῆθος τῆς χιόνος. (4.4.9) ἐνταῦθα εἶχον τὰ ἐπιτήδεια ὅσα ἐστὶν ἀγαθά, ἱερεῖα, σῖτον, οἴνους παλαιοὺς εὐώδεις, ἀσταφίδας, ὄσπρια παντοδαπά. τῶν δὲ ἀποσκεδαννυμένων τινὲς ἀπὸ τοῦ στρατοπέδου ἔλεγον ὅτι κατίδοιεν νύκτωρ πολλὰ πυρὰ φαίνοντα.
[4,4,10] ἐδόκει δὴ τοῖς στρατηγοῖς οὐκ ἀσφαλὲς εἶναι διασκηνοῦν, ἀλλὰ συναγαγεῖν τὸ στράτευμα πάλιν. ἐντεῦθεν συνῆλθον· καὶ γὰρ ἐδόκει διαιθριάζειν. (4.4.11) νυκτερευόντων δ᾽ αὐτῶν ἐνταῦθα ἐπιπίπτει χιὼν ἄπλετος, ὥστε ἀπέκρυψε καὶ τὰ ὅπλα καὶ τοὺς ἀνθρώπους κατακειμένους· καὶ τὰ ὑποζύγια συνεπόδισεν ἡ χιών· καὶ πολὺς ὄκνος ἦν ἀνίστασθαι· κατακειμένων γὰρ ἀλεεινὸν ἦν ἡ χιὼν ἐπιπεπτωκυῖα ὅτῳ μὴ παραρρυείη. (4.4.12) ἐπεὶ δὲ Ξενοφῶν ἐτόλμησε γυμνὸς ἀναστὰς σχίζειν ξύλα, τάχ᾽ ἀναστάς τις καὶ ἄλλος ἐκείνου ἀφελόμενος ἔσχιζεν. ἐκ δὲ τούτου καὶ ἄλλοι ἀναστάντες πῦρ ἔκαιον καὶ ἐχρίοντο· (4.4.13) πολὺ γὰρ ἐνταῦθα ηὑρίσκετο χρῖμα, ᾧ ἐχρῶντο ἀντ᾽ ἐλαίου, σύειον καὶ σησάμινον καὶ ἀμυγδάλινον ἐκ τῶν πικρῶν καὶ τερμίνθινον. ἐκ δὲ τῶν αὐτῶν τούτων καὶ μύρον ηὑρίσκετο. (4.4.14) μετὰ ταῦτα ἐδόκει πάλιν διασκηνητέον εἶναι (τὰς κώμας) εἰς στέγας. ἔνθα δὴ οἱ στρατιῶται σὺν πολλῇ κραυγῇ καὶ ἡδονῇ ᾖσαν ἐπὶ τὰς στέγας καὶ τὰ ἐπιτήδεια· ὅσοι δὲ ὅτε τὸ πρότερον ἀπῇσαν τὰς οἰκίας ἐνέπρησαν ὑπὸ ἀτασθαλίας, δίκην ἐδίδοσαν κακῶς σκηνοῦντες.


ὁ δὲ τρίτος ἐγένετο χαλεπὸς καὶ ἄνεμος βορρᾶς ἐναντίος ἔπνει παντάπασιν ἀποκαίων πάντα καὶ πηγνὺς τοὺς ἀνθρώπους. (4.5.4) ἔνθα δὴ τῶν μάντεών τις εἶπε σφαγιάσασθαι τῷ ἀνέμῳ, καὶ σφαγιάζεται· καὶ πᾶσι δὴ περιφανῶς ἔδοξεν λῆξαι τὸ χαλεπὸν τοῦ πνεύματος. ἦν δὲ τῆς χιόνος τὸ βάθος ὀργυιά· ὥστε καὶ τῶν ὑποζυγίων καὶ τῶν ἀνδραπόδων πολλὰ ἀπώλετο καὶ τῶν στρατιωτῶν ὡς τριάκοντα. (4.5.5) διεγένοντο δὲ τὴν νύκτα πῦρ καίοντες· ξύλα δ᾽ ἦν ἐν τῷ σταθμῷ πολλά· οἱ δὲ ὀψὲ προσιόντες ξύλα οὐκ εἶχον. οἱ οὖν πάλαι ἥκοντες καὶ τὸ πῦρ καίοντες οὐ προσίεσαν πρὸς τὸ πῦρ τοὺς ὀψίζοντας, εἰ μὴ μεταδοῖεν αὐτοῖς πυροὺς ἢ ἄλλο (τι) εἴ τι ἔχοιεν βρωτόν. (4.5.6) ἔνθα δὴ μετεδίδοσαν ἀλλήλοις ὧν εἶχον ἕκαστοι. ἔνθα δὲ τὸ πῦρ ἐκαίετο, διατηκομένης τῆς χιόνος βόθροι ἐγένοντο μεγάλοι ἔστε ἐπὶ τὸ δάπεδον· οὗ δὴ παρῆν μετρεῖν τὸ βάθος τῆς χιόνος. (4.5.7) ἐντεῦθεν δὲ τὴν ἐπιοῦσαν ἡμέραν ὅλην ἐπορεύοντο διὰ χιόνος, καὶ πολλοὶ τῶν ἀνθρώπων ἐβουλιμίασαν. Ξενοφῶν δ᾽ ὀπισθοφυλακῶν καὶ καταλαμβάνων τοὺς πίπτοντας τῶν ἀνθρώπων ἠγνόει ὅ τι τὸ πάθος εἴη. (4.5.8) ἐπειδὴ δὲ εἶπέ τις αὐτῷ τῶν ἐμπείρων ὅτι σαφῶς βουλιμιῶσι κἄν τι φάγωσιν ἀναστήσονται, περιιὼν περὶ τὰ ὑποζύγια, εἴ πού τι ὁρᾐη βρωτόν, διεδίδου καὶ διέπεμπε διδόντας τοὺς δυναμένους περιτρέχειν τοῖς βουλιμιῶσιν. (4.5.9) ἐπειδὴ δέ τι ἐμφάγοιεν, ἀνίσταντο καὶ ἐπορεύοντο. πορευομένων δὲ Χειρίσοφος μὲν ἀμφὶ κνέφας πρὸς κώμην ἀφικνεῖται, καὶ ὑδροφορούσας ἐκ τῆς κώμης πρὸς τῇ κρήνῃ γυναῖκας καὶ κόρας καταλαμβάνει ἔμπροσθεν τοῦ ἐρύματος.

5, τῶν δ᾽ ἄλλων στρατιωτῶν οἱ μὴ δυνάμενοι διατελέσαι τὴν ὁδὸν ἐνυκτέρευσαν ἄσιτοι καὶ ἄνευ πυρός· καὶ ἐνταῦθά τινες ἀπώλοντο τῶν στρατιωτῶν. (4.5.12) ἐφείποντο δὲ τῶν πολεμίων συνειλεγμένοι τινὲς καὶ τὰ μὴ δυνάμενα τῶν ὑποζυγίων ἥρπαζον καὶ ἀλλήλοις ἐμάχοντο περὶ αὐτῶν. ἐλείποντο δὲ τῶν στρατιωτῶν οἵ τε διεφθαρμένοι ὑπὸ τῆς χιόνος τοὺς ὀφθαλμοὺς οἵ τε ὑπὸ τοῦ ψύχους τοὺς δακτύλους τῶν ποδῶν ἀποσεσηπότες. (4.5.13) ἦν δὲ τοῖς μὲν ὀφθαλμοῖς ἐπικούρημα τῆς χιόνος εἴ τις μέλαν τι ἔχων πρὸ τῶν ὀφθαλμῶν ἐπορεύετο, τῶν δὲ ποδῶν εἴ τις κινοῖτο καὶ μηδέποτε ἡσυχίαν ἔχοι καὶ εἰς τὴν νύκτα ὑπολύοιτο· (4.5.14) ὅσοι δὲ ὑποδεδεμένοι ἐκοιμῶντο, εἰσεδύοντο εἰς τοὺς πόδας οἱ ἱμάντες καὶ τὰ ὑποδήματα περιεπήγνυντο· καὶ γὰρ ἦσαν, ἐπειδὴ ἐπέλιπε τὰ ἀρχαῖα ὑποδήματα, καρβάτιναι πεποιημέναι ἐκ τῶν νεοδάρτων βοῶν. (4.5.15) διὰ τὰς τοιαύτας οὖν ἀνάγκας ὑπελείποντό τινες τῶν στρατιωτῶν· καὶ ἰδόντες μέλαν τι χωρίον διὰ τὸ ἐκλελοιπέναι αὐτόθι τὴν χιόνα εἴκαζον τετηκέναι· καὶ ἐτετήκει διὰ κρήνην τινὰ ἣ πλησίον ἦν ἀτμίζουσα ἐν νάπῃ. ἐνταῦθ᾽ ἐκτραπόμενοι ἐκάθηντο καὶ οὐκ ἔφασαν πορεύεσθαι. (4.5.16) ὁ δὲ Ξενοφῶν ἔχων ὀπισθοφύλακας ὡς ᾔσθετο, ἐδεῖτο αὐτῶν πάσῃ τέχνῃ καὶ μηχανῇ μὴ ἀπολείπεσθαι, λέγων ὅτι ἕπονται πολλοὶ πολέμιοι συνειλεγμένοι, καὶ τελευτῶν ἐχαλέπαινεν. οἱ δὲ σφάττειν ἐκέλευον· οὐ γὰρ ἂν δύνασθαι πορευθῆναι. (4.5.17) ἐνταῦθα ἔδοξε κράτιστον εἶναι τοὺς ἑπομένους πολεμίους φοβῆσαι, εἴ τις δύναιτο, μὴ ἐπίοιεν τοῖς κάμνουσι. καὶ ἦν μὲν σκότος ἤδη, οἱ δὲ προσῇσαν πολλῷ θορύβῳ ἀμφὶ ὧν εἶχον διαφερόμενοι. (4.5.18) ἔνθα δὴ οἱ ὀπισθοφύλακες, ἅτε ὑγιαίνοντες, ἐξαναστάντες ἔδραμον εἰς τοὺς πολεμίους· οἱ δὲ κάμνοντες ἀνακραγόντες ὅσον ἐδύναντο μέγιστον τὰς ἀσπίδας πρὸς τὰ δόρατα ἔκρουσαν. οἱ δὲ πολέμιοι δείσαντες ἧκαν ἑαυτοὺς κατὰ τῆς χιόνος εἰς τὴν νάπην, καὶ οὐδεὶς ἔτι οὐδαμοῦ ἐφθέγξατο. (4.5.19) καὶ Ξενοφῶν μὲν καὶ οἱ σὺν αὐτῷ εἰπόντες τοῖς ἀσθενοῦσιν ὅτι τῇ ὑστεραίᾳ ἥξουσί τινες ἐπ᾽ αὐτούς, πορευόμενοι πρὶν τέτταρα στάδια διελθεῖν ἐντυγχάνουσιν ἐν τῇ ὁδῷ ἀναπαυομένοις ἐπὶ τῆς χιόνος τοῖς στρατιώταις ἐγκεκαλυμμένοις, καὶ οὐδὲ φυλακὴ οὐδεμία καθειστήκει· καὶ ἀνίστασαν αὐτούς. οἱ δ᾽ ἔλεγον ὅτι οἱ ἔμπροσθεν οὐχ ὑποχωροῖεν.

XENOPHON ANABASE

voici leur itinéraire (en ocre, depuis Sardes jusqu'au rivage du Pont Euxin)


(remerciements à Imago Mundi )

L'expédition d'Alexandre contre Cyrus,elle aussi, tourna mal pour les pauvres soldats...


"Telle est cependant l'épaisseur des neiges dont la terre est chargée et qui se durcissent sous une gelée presque perpétuelle, qu'on n'y saurait trouver aucune trace ni d'oiseaux, ni de bêtes sauvages. Un ciel enveloppé d'ombre, qui n'a rien de la clarté du jour, et qui ressemble plutôt à la nuit, pèse au loin sur la terre, et laisse à peine apercevoir les objets les plus rapprochés.

Au milieu de cet isolement d'une nature où rien ne témoigne la présence de l'homme, l'armée, comme perdue, souffrit tout ce qu'on peut endurer de maux: la faim, le froid, la fatigue, le désespoir. Beaucoup d'entre eux périrent par le froid excessif de la neige; il y en eut à qui elle brûla les pieds, un plus grand nombre à qui elle fit perdre les yeux. Elle fut surtout fatale à ceux qui étaient fatigués: car ils étendaient sur la glace même leurs corps défaillants; et là, dans leur immobilité, la violence du froid les raidissait à ce point, qu'ils ne pouvaient faire le moindre effort pour se relever. Leurs compagnons tâchaient de les réveiller de leur engourdissement, et le seul remède qu'ils y pussent trouver était de les contraindre à marcher. Alors seulement le mouvement leur rendait la chaleur vitale et leurs membres reprenaient quelque vigueur. Tous ceux qui purent gagner les cabanes des Barbares furent promptement remis; mais telle était l'obscurité, que c'était à la fumée seule que l'on reconnaissait les habitations. Ceux-ci, qui n'avaient jamais vu d'étrangers dans leur pays, apercevant tout à coup des gens armés, étaient glacés d'effroi, et leur apportaient tout ce que contenaient leurs cabanes, les suppliant d'épargner leurs personnes.

Le roi parcourait les rangs à pied, relevant ceux qui étaient étendus par terre, et prêtant l'appui de son corps à ceux qui avaient peine à le suivre. Il était partout, à la tête, au centre, aux derniers rangs de l'armée, se multipliant pour la fatigue."

Ceterum adeo altae niues premunt terram gelu et perpetuo paene rigore constrictae, ut ne auium quidem feraeue ullius uestigium exstet. Obscura caeli uerius umbra quam lux, nocti similis, premit terram, uix ut quae prope sunt conspici possint. In hac tanta omnis humani cultus solitudine destitutus exercitus, quidquid malorum tolerari potest, pertulit, inopiam, frigus, lassitudinem, desperationem. Multos exanimauit rigor insolitus niuis, multorum adussit pedes, plurimorum oculos. Praecipue perniciabilis fuit fatigatis: quippe in ipso gelu deficientia corpora sternebant, quae, cum moueri desissent, uis frigori ita adstringebat ut rursus ad surgendum coniti non possent. A commilitonibus torpentes excitabantur, neque aliud remedium erat quam ut ingredi cogerentur. Tum demum uitali calore moto membris aliquis redibat uigor. Si qui tuguria Barbarorum adire potuerunt, celeriter refecti sunt. Sed tanta caligo erat, ut aedificia nulla alia res quam fumus ostenderet; illi, nunquam ante in terris suis aduena uiso, cum armatos repente conspicerent, exanimati metu, quidquid in tuguriis erat adferebant, ut corporibus ipsorum parceretur orantes. Rex agmen circumibat pedes, iacentes quosdam erigens, et alios, cum aegre sequerentur, adminiculo corporis sui excipiens; nunc ad prima signa, nunc in medio, nunc in ultimo agmine itineris multiplicato labore aderat.

QUINTE CURCE

(plus tard, il y aura des cartes des 2 expéditions, mais pour l'instant, j'ai de considérables difficultés de connection, alors quelques jours de patience!

l'expédition d'Alexandre le Grand:





LA NEIGE A VOLOS (Grèce)



mardi 22 décembre 2009



lundi 21 décembre 2009

MODE MASCULINE (spécial garçons)

Pour quelqu'un qui se revendique de l'égalité des sexes, faire un message sur la mode féminine sans même évoquer les hommes, c'est impardonnable!
donc, je me rattrape; d'autant plus que les hommes romains étaient bien loin d'être insensible à leur apparence physique, et ce n'est pas parce que j'ai dit que le Romain est avant tout un soldat et un paysan, qu'il faudrait se l'imaginer sale, hirsute, considérant le rituel de la toilette comme une corvée qu'on élude, ou que l'on n'accomplit que lors des fêtes... bien au contraire!
L'homme romain ( et on me pardonnera ici de me limiter au citoyen, à l'exclusion des esclaves et des petites gens, pour lesquels la documentation fait cruellement défaut) avait pour principale occupations la politique, les relations publiques et les mondanités, et... le bain.
C'est donc ce dernier aspect qui retiendra notre attention. Rappelez-vous la différence d'aspect entre les "valeureux Gaulois", aux cheveux longs et nattés (come Obélix), aux moustaches avantageuses, aux braies exubérantes et multicolores, retenues à la diable par un solide cordon qui leur enserrait la taille; et les Romains, toujours rasés de près, le cheveu toujours impeccablement coupé, la toge noblement drapée et permettant d'amples gestes qui soulignaient la harangue et emportaient l'adhésion et l'enthousiasme de l'auditoire... il y a là un véritable phénomène de société. C'est dire que la toilette masculine, loin d'être une simple obligation hygiénique, était à la fois un rituel social, un délassement et un plaisir exthétique; oui, les Romains étaient coquets!
Les Romains du temps de Cicéron n'avaient pas toujours chez eux une salle de bains; plus tard, à l'époque impériale, les riches maisons toutes en furent dotées, mais malgré tout rien ne valait les thermes, parce qu'on y retrouvait ses amis et toute la bonne société, qu'on y échangeait les derniers potins, et qu'on y avait toute sorte d'activités à la fois ludiques et lénifiantes; les thermes, c'était un véritable club de loisirs pour les Romains aisés. On se rendait aux thermes en milieu d'après-midi, avant le dîner; on y restait 2 ou 3 heures, mais cela n'a rien d'étonnant si on considère qu'on ne se contentait pas de se laver! on y jouait à divers jeux de balle ou de ballon; on s'y exerçait au punching ball, on y travaillait diverses figures d'escrime, on s'y livrait à la course, à la lutte, après quoi, fatigué, suant, on allait se nettoyer; on retirait le maillot de sport trempé, et, dans l'ordre, on se soumettait aux ablutions suivantes:
- d'abord, le bain de vapeur (sudatorium) achevait d'activer la sudation, faisant ainsi sortir les impuretés de la peau.
- puis, il s'aspergeait d'eau chaude, pour éliminer toute cette sueur; pas de savon, bien sûr, car ils avaient un moyen bien plus efficace , et moins agressif pour la peau: le strigile, sorte de lame émoussée, avec lequel on raclait la peau, emportant ainsi toutes les impuretés déposées à la surface, et ramollies par la vapeur et l'eau chaude; cela fait, il ne leur restait plus qu'à se frictionner avec des serviettes pour se sécher... c'est du moins ce que vous croyez, car en fait, ce n'était pas fini!
- en effet, l'eau chaude dilate les pores, comme chacun sait; et qui aurait envie de rester toute la soirée avec les pores dilatés? donc, pour corriger cet inconvénient, ils allaient pour finir prendre un bain froid dans la piscine!
Une fois qu'ils étaient bien propres, bien détendus, ils restaient encore un peu de temps dans ce royaume de la zénitude; ils lisaient (il y avait de véritables bibliothèques installées dans les thermes) ou se promenaient dans les jardins..;
Mais ce n'est pas tout de se laver; il fallait aussi aller chez le coiffeur; là encore, pas de rasage à domicile; mais pour les cheveux comme pour la barbe, la mode évolue; en effet, depuis les guerres puniques, on portait les cheveux courts (cheveux coupés le plus court possible retombant en rond à partir du sommet du crâne, en dégradé) et le visage parfaitement glabre; on se faisait raser tous les jours, et les techniques variaient; la plus classique et la plus répandue était celle de la lame, pas la même que notre lame de rasoir, mais un véritable couteau, souvent émoussé d'ailleurs, et comme il n'existait pas de mousse à raser, c'était devenu un véritable sujet de plaisanterie... ou de terreur! Cicéron nous raconte que Denys de Syracuse n'osait confier ses joues (et surtout sa gorge... il faut dire qu'il n'était pas très populaire, cet odieux tyran!) au barbier, et qu'il avait enseigné à ses propres filles à le tondre! de sorte que beaucoup d'hommes, reculant devant le perpective d'estafilades aussi disgracieuses que douloureuses, préféraient encore... se faire épiler! à la pince, à la cire chaude, au miel (très efficace d'ailleurs, croyez-moi!); ah, j'oubliais! on craignait d'autant plus les coupures du rasoir,, que, pour les faire cicatriser, il était d'usage de les enduire soit de toiles d'araignées, soit de fiente de poule... bref, on comprend aisément qu'à l'époque impériale, l'usage du menton impeccablement rasé cédât la place au port de la barbe; et dès lors, on porte également les cheveux longs et fournis, et frisés; et s'ils ne le sont pas naturellement, le coiffeur se chargera de les onduler au fer à friser; et, tant qu'on y est, pourquoi garder sa couleur naturelle de cheveux, pas forcément harmonieuse? on les teint, on les parfume, et, dans la foulée, on se maquille! je parle des hommes, oui, et non des femmes!
Il va sans dire tout de même que ce n'était pas la majorité; la plupart des hommes gardaient une allure sobre, raisonnable et virile; la preuve: Cicéron n'a pas de moqueries assez caustiques pour ces hommes dont la coquetterie frise (si j'ose dire...) le ridicule!

samedi 12 décembre 2009

des quizzes!!!


j'ai ajouté sur la droite du blog quelques quizzes (c'est bien le pluriel de quizz non?) faciles et amusants...

une fois que vous aurez répondu (plusieurs réponses sont possibles), vous pouvez vérifier vos performances tout à fait au bas du blog!

à consommer sans modération!

réponse des quizzes

  • i est l'impératif du verbe aller: eo, is, ire, ii, itum; il signifie donc "va"; de ce fait, il est également le mot le plus court de la langue latine...
  • tune est l'agglomérat de tu ( toi) et de la particule interrogative 'ne'; il signifie "est-ce que tu"; il n'ya pas de prénom masculin tunus...
  • quidem est un adverbe invariable; il signifie "certes, sans doute"; il est souvent en corrélation avec sed: quidem... sed= bien sûr... mais d'autre part; quant il est précédé (de près ou de loin) de NE, il signifie "même pas"; attention à ne pas le confondre avec quidam: quelqu'un!!!
  • temere est un adverbe invariable signifiant "au hasrd, à l'aventure, sans refléchir"; l'infinitif du verbe craindre est timeo, times, TIMERE!!!
  • modo est un adverbe qui signifie "seulement"; c'est aussi l'ablatif de modus, i, m: manière; dans ce cas il est accompagné d'un adjectif.
  • profecto signifie certes, assurément, et c'est un adverbe; mais ce peut être aussi le datif/ablatif de profectus, a, um, qui est le participe du verbe proficiscor: partir; profectus signifie "parti"
  • misere peut être le parfait 3° pl de mitto, is, ere, MISI, missum; ou un adverbe formé sur l'adjectif miser: misérablement. ATTENTION, j'ai lu une réponse "vocatif"; miser a pour vocatif miser, ces noms et adjectifs en -er, bien que faisant partie de la 2° déclinaison, ont le vocatif sg identique au nominatif
  • munere est l'ablatif de munus, muneris, nt (= fonction, cadeau)
  • interiere est le parfait 3° pl du verbe intereo, is, ire, INTERII, interitum: mourir
  • La lune blanche Luit dans les bois; De chaque branche Part une voix, Sous la ramée: Paul Verlaine
  • Certe edopol, quom illum contemplo et formam cognosco meam. Quem ad modum ego sum - saepe in speculum inspexi -, nimis similest mei!: Plaute (Amphitryon) traduction: ah mais c'est sûr, quand je la vois et que je pense à mon visage tel qu'il est (car je me suis souvent admirée dans mon miroir), mais elle me ressemble trop!
  • Seigneur, Vous m'avez fait puissant et solitaire...: Alfred de Vigny (Moïse)
  • allez venez Milord, vous avez l'air d'un môme, laissez vous faire milord, venez dans mon royaume! c'est bien sûr Edith Piaf qui chantait cette chanson, mais les paroles sont de Georges Moustaki
  • Hélas ! laissez les pleurs couler de ma paupière,Puisque vous avez fait les hommes pour cela !: victor Hugo (à Villequier)
  • l'Histoire est un éternel recommencement: Thucydide
  • elle poussait un petit cri, fermait entièrement les yeux , et brusquement, elle avait l'air de s’efforcer de réprimer, d'anéantir un rire qui, si elle s'y fût abandonnée, l'eût conduite à l'évanouissement.: Marcel Proust
  • Suave, mari magno turbantibus aequora ventis: ces 2 vers, considérés comme la devise épicurienne, sont de Lucrèce; ils signifient: qu'il est doux, lorsque la mer est grosse et que les vents déchaînent les flots,de rester sur lerivage à contempler la terible épreuve d'autrui
  • Je suis un gars bien ordinaire...: très belle chanson de Robert Charlebois
  • Fugitive beautéDont le regard m’a fait soudainement renaître,Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?: charles Baudelaire (à une passante)
  • Que les peuples seront heureux quand les rois seront philosophes et quand les philosophes seront rois!: Denis Diderot
  • Le métro berlinois est de la même couleur que le manteau de Martine: c'est à la perspicacité d'Yveline Klein que nous devons cette stupéfiante remarque!
  • L'Éternel Dieu dit: Il n'est pas bon que l'homme soit seul: la Genèse
  • Nous étions quatre bacheliers...: c'est le 1° vers d'une jolie chanson peu conue de Georeges Brassens
  • εὔρηκα!!!: Archimède bien sûr!
  • Certe edopol, quom illum contemplo et formam cognosco meam. Quem ad modum ego sum - saepe in speculum inspexi -, nimis similest mei!: Plaute (Amphitryon) traduction: ah mais c'est sûr, quand je la vois et que je pense à mon visage tel qu'il est (car je me suis souvent admirée dans mon miroir), mais elle me ressemble trop!
  • La lune blanche Luit dans les bois; De chaque branche Part une voix, Sous la ramée: Paul Verlaine
  • Seigneur, Vous m'avez fait puissant et solitaire...: Alfred de Vigny (Moïse)
  • allez venez Milord, vous avez l'air d'un môme, laissez vous faire milord, venez dans mon royaume! c'est bien sûr Edith Piaf qui chantait cette chanson, mais les paroles sont de Georges Moustaki
  • Hélas ! laissez les pleurs couler de ma paupière,Puisque vous avez fait les hommes pour cela !: victor Hugo (à Villequier)
  • elle poussait un petit cri, fermait entièrement les yeux , et brusquement, elle avait l'air de s’efforcer de réprimer, d'anéantir un rire qui, si elle s'y fût abandonnée, l'eût conduite à l'évanouissement.: Marcel Proust
  • Fugitive beautéDont le regard m’a fait soudainement renaître,Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?: charles Baudelaire (à une passante)
  • Suave, mari magno turbantibus aequora ventis: ces 2 vers, considérés comme la devise épicurienne, sont de Lucrèce; ils signifient: qu'il est doux, lorsque la mer est grosse et que les vents déchaînent les flots,de rester sur lerivage à contempler la terible épreuve d'autrui
  • l'Histoire est un éternel recommencement: Thucydide
  • Je suis un gars bien ordinaire...: très belle chanson de Robert Charlebois
  • Que les peuples seront heureux quand les rois seront philosophes et quand les philosophes seront rois!: Denis Diderot
  • Le métro berlinois est de la même couleur que le manteau de Martine: c'est à la perspicacité d'Yveline Klein que nous devons cette stupéfiante remarque!
  • L'Éternel Dieu dit: Il n'est pas bon que l'homme soit seul: la Genèse
  • Nous étions quatre bacheliers...: c'est le 1° vers d'une jolie chanson peu conue de Georeges Brassens
  • εὔρηκα!!!: Archimède bien sûr!